Continuons la visite des sites Ístex en Islande, aujourd’hui je vous emmène à Blönduós là où la laine est collectée pour être triée, lavée, séchée et mise en ballots avant d’être apportée ensuite à la filature à Mossfellsbaer.
99% de la laine de tonte est collectée en Islande, quelle que soit sa qualité. Les fermes dans un rayon de moins de 100km apportent la laine, pour les autres la laine est collectée.
Seule la laine de premier choix sera utilisée pour être transformée en pelotes de laine.
Je suis allée plusieurs fois pour trier les moutons au moment du rassemblement des moutons en début d’automne et j’ai été chaque fois surprise de leur propreté. La qualité de leur laine avec ces fibres très long imperméable à l’extérieur explique cela.
Hliðarétt sept 2018
Les moutons sont tondus en octobre quelques semaines après leur retour à la ferme et en général avant le froid qui oblige à les rentrer à l’intérieur car ils seront trop sales ensuite.
Toute la laine reçue à Blönduósest tracée avec les références du propriétaire, puis elle est triée et préparée pour le lavage et séchage.
Voici une vidéo dans laquelle on peut voir les 5 étapes de lavage , puis le séchage et la fabrication des balles de laine qui partent ensuite à Mossfellsbaer !
– premier lavage avec de l’eau additionnée de carbonate de sodium
– premier rinçage
– second lavage avec du savon
– 3ème lavage avec du savon et carbonate de sodium
– second rinçage
L’eau est traitée après le lavage pour éviter les effets néfaste sur l’environnement. Le savon est utilisé en quantité minimum, vous aurez remarqué que la laine (surtout la plötulopi) garde la bonne odeur du mouton.
Deux équipes se relaient et c’est 5 à 6 tonnes de laine par jour qui peuvent être lavées !!
Dans le même laps de temps la filature à Mossfellsbaer traite 800 kg par jour par équipe, et il y a maintenant 3 équipes… il ne faut donc pas craindre de pénurie de matière première à court terme.
La partie séchage est la plus consommatrice en énergie, le séchoir (vert à droite sur la vidéo) est très ancien et fonctionne au Diesel, il est en cours de remplacement par une machine électrique (l’électricité est produite en grande quantité en Islande).
La laine de moins bonne qualité ou trop sale n’est pas lavée ici, elle part à l’exportation sans être lavée, car aucune fibre non lavée ne peut circuler en Islande pour éviter la propagation éventuelle de maladie. D’autre part laver cette laine avant de l’exporter couterait plus d’argent que le prix dérisoire de la vente.
La laine issue de la seconde tonte à la fin de l’hiver avant l’agnelage n’est pas utilisée non plus pour faire des pelotes de laine, elle est souvent trop sale et la qualité n’est pas suffisante. Elle est exportée pour être utilisée pour faire des tissus d’ameublement ou des tapis par exemple.
Merci à Ístex pour son accueil et pour toutes les informations qu’ils ont partagées avec nous.
Régulièrement depuis que trIScote a démarré il y a 11 ans j’essaie de passer à Mossfellsbær dans les locaux d’ÍStex pour discuter des prochains modèles, pour parler des difficultés ou pour faire quelques photos des coulisses pour les partager avec vous.
En été les moutons islandais sont “partout” en Islande parfois même sur la route si vous y venez à partir du mois de juin.
Les agneaux naissent à partir de fin-avril / début mai et en général les brebis ont 2 petits. Après quelques semaines, les moutons quittent la ferme et ils se déplacent librement jusqu’au moment du rassemblement des moutons, le réttir, en septembre.
La tonte a lieu en octobre. Toute la laine est collectée quelque soit sa qualité. Je publierai très bientôt un autre article à propos du site de Blönduós où la laine est lavée.
→ Les balles de laine triées et lavées arrivent à Mossfellsbær ici !
→ Ístex pratique la teinture en bourre , la fibre est teinte avant filature en autoclave. La fibre est contenue dans une sorte de panier perforé.
Un peu comme dans une cocotte minute le bain de teinture est chauffé à haute température et circule à travers les fibres.
La fibre naturelle avant teinture est le plus souvent “blanche” mais pas toujours.
Après la phase de teinture, ils disposent alors d’un certain nombre de couleurs de bases qui vont être assemblées pour créer les teintes définitives du fil… c’est la raison pour laquelle pratiquement toutes les couleurs de Lopi Istex ne sont jamais complètement unies… c’est aussi comme ça que les différents niveaux de gris sont crées par assemblage de proportions différentes de blanc et noir.
→ Les différentes couleurs nécessaires pour créer le coloris final sont déposées sur ce tapis puis brassées dans un espace pour les mélanger au mieux avant de commencer le cardage.
Brassage en cours… (oui je sais ce n’est pas la même couleur, cette fois c’est ma photo et on faisait du marron ce jour là)
→ Cardage… en sortie on obtiendra la lopi non filée, la plötulopi
Lopi non filée à la sortie “plötulopi“, c’est le coloris mouton noir cette fois en image
→ Ensuite pour obtenir les pelotes de Léttlopi ou d’Álafosslopi il reste encore pas mal d’étapes :
Les brins de laine composants le fil sont tordus et mis sur des fuseaux
la laine sur les fuseaux est ensuite bobinée sur des cones qui sont vendus en l’état pour l’industrie textile ou pour le tissage
pour “nos” pelotes de laine ce n’est pas encore terminé, la laine est remis en écheveaux
ensuite les écheveaux sont lavés
et enfin la “balling machine” se charge de constituer les pelotes que vous connaissez à partir des écheveaux
Depuis 2 années les difficultés d’approvisionnement me préoccupent et préoccupent ceux qui aimez tricoter avec la laine islandaise. Je dois reconnaitre que la communication d’ÍStex est très réduite et comme les enfants j’ai tendance à imaginer le pire lorsque je suis mal informée. Ma visite sur place m’a beaucoup rassurée.
J’ai appris que la hausse de la demande avait été bien plus élevée que ce que je ne l’imaginais, cela avait commencé avant le Covid et ça s’est amplifié après, il aurait fallu produire non pas 2 fois plus mais 4 fois plus ! ce qui est absolument impossible pour une site petite filature , surtout en temps de crise sanitaire.
Devant la “pénurie” les boutiques ont commencé à vouloir stocker davantage, moi la première ! je n’ai jamais eu autant de stock chez moi et en même temps je n’ai jamais manqué d’autant de couleurs ! nous n’avons fait qu’entretenir les retards.
Les équipes tournent maintenant en 3 vacations au lieu de 2, mais les choses ont pris du temps, investissement en matériel, recrutement, formation, manque de colorants… pendant ce laps de temps les stocks ont été réduits à zéro sur certains produits (Álafosslopi surtout !) et maintenant même s’ils disposent de davantage de moyens ils peinent à refaire du stock, tout ce qui est produit est déjà vendu au fur et à mesure.
ÍStex est une entreprise née en 1981 après la faillite des deux filatures Gefjun et Álafoss dont l’activité avait démarré en 1896 ! Comme dans toutes les filatures, quand une panne intervient c’est assez compliqué car les machines ne datent pas de cette époque mais certaines ont plus de 70 ans quand même. La ligne de production en image à la fin pour faire les pelotes est toute neuve en revanche, elle est utilisée soit pour faire de la léttlopi soit de l’Alafosslopi.
Le vrai du faux :
NON ÍStex ne va pas arrêter la production Álafosslopi
NON il n’y a pas de manque de laine , il y a assez de moutons en Islande
J’ai lu ça sur les réseaux sociaux mais cela m’a été confirmé aussi bien à la filature que sur le site où la laine est lavée. D’ailleurs les stocks de laine “récoltée” en 2020 n’a pas encore été entamé pour teindre et filer !
ÍStex est une petite entreprise dans un petit pays de 350 000 habitants (comparable à la ville de Nantes sans sa périphérie).
Après avoir visité une nouvelle fois la filature je suis confiante, j’ai compris qu’il y avait de la bonne volonté et qu’ils mettent tout en oeuvre. J’ai conscience que l’approvisionnement va rester difficile mais c’est plus facile à supporter quand on sait que tout le monde rame dans le même sens 😏
Substitutions
Je vous remercie de votre patience et j’apprécie votre capacité d’adaptation quand je vous propose de remplacer un fil par un autre.
→ Álafosslopi qui n’est disponible que dans les couleurs naturelles de gris et beige actuellement peut être remplacée par Plötulopi tricoté en triple (le coût est exactement le même) , ou par Léttlopi en double dans un jacquard par exemple.
→Léttlopi peut dans un jacquard être remplacé par Einband en double, ou alors sur l’ensemble d’un vêtement on peut la remplacer par 1 fil de Plötulopi et 1 fil Einband tricotés ensemble.
Une des choses les plus difficile quand on vend de la laine, c’est de manquer de temps pour tricoter alors qu’on a sous la main toute la laine qu’il faudrait pour le faire… alors pour le week-end du jour de l’an j’avais décidé de mettre un nouveau Riddari sur mes aiguilles et de tricoter autant que j’en avais envie !
Jean voulait un blouson en plötulopi (parce que c’est plus doux !) et comme son ancien Riddari commence à fatiguer on a opté pour ce motif avec les même couleurs que mon blouson Hofadýnur.
Pour ce blouson, j’ai donc décidé de mélanger les explications de Hofadynurpour le nombre de mailles, avec les explications de Riddari. J’ai tricoté avec des aiguilles 5.5mm en adaptant le nombre de mailles car l’échantillon est différent (14-15m pour 10 cm au lieu de 18m avec la léttlopi).
J’ai aussi ajouté une petite dose de Frost pour la capuche.
En plus pour que le blouson ne soit pas trop tendu sur le ventre mais pas trop grand non plus en haut, j’ai démarré le bas avec la taille XL et j’ai fait quelques diminutions de chaque côté pour que le haut soit une taille L.
Le tricot c’est comme la cuisine, on adapte les recettes, c’est peut être pour ça qu’un patron de tricot se dit “uppskrift” en islandais on “opskrift” en danois (recette en français ).
Le moment d’assembler le corps et les manches… A ce sujet ma vidéo pourra vous éclairer si besoin https://youtu.be/-RY_ZXOU4os
Enfin le jacquard… la partie que je préfère ! J’ai pris soin de supprimer quelques rangs de jacquard dans la grille de Riddari car l’échantillon en plötulopi est différent en hauteur également. Pour simplifier disons que j’ai suivi la grille taille M pour une taille L/XL. (vidéo jacquard à fils flottants: https://www.youtube.com/watch?v=yw0N6SJcZc0)
J’ai mis quelques jours seulement pour le tricoter, ensuite je l’ai lavé (à la main eau tiède + shampoing Lopi et surtout séchage à plat), la laine islandaise sèche vite c’est pratique pour laver les pulls même en hiver !
Il restait à sortir la machine à coudre et les ciseaux pour en faire un blouson! J’y vais toujours un peu à reculons parce qu’après il faut coudre la fermeture éclair et j’aime pas trop ça 😉
Pour la fermeture éclair je couds à la main. Epingler le premier côté bien à plat et le coudre à petit point arrière. Ensuite épingler le 2ème côté en faisant attention à ce que le motif soit bien face à face.
Pour qu’il soit assorti, j’ai fait le cordon de la capuche en i-cord sur 4 mailles.
Les pulls islandais traditionnels et les modèles ouverts sont construits quasiment de la même façon.
Du coup c’est très facile de convertir un modèle de pull qui vous plait en gilet. Comme tout ce qui va sans le dire va encore mieux en le disant, je vous propose une petite explications quand même.
J’ai choisi le pull Riddari que j’ai transformé en gilet pour mon mari dans les coloris classique et pour moi en version plus féminine.
Voici donc le pull Riddari, un modèle très populaire !
Pour tricoter un pull islandais, on tricote le corps en rond sans couture jusque sous les aisselles, puis les deux manches également jusque sous les bras (je commence toujours par les manches moi par contre). Ensuite on assemble sur la même aiguille:
– la manche gauche,
– le devant,
– la manche droite,
– et enfin le dos.
Pour que tout ça s’assemble correctement, on met des mailles en attente sous les bras (pour pouvoir passer le bras dans la manche) et l’on ferme cette “aération” quand le tricot est terminé. Ce n’est pas le sujet ici , tout cela est bien expliqué dans les recettes de tricot (oui les islandais ou les danois écrivent des “recettes” de tricot, c’est comme de la cuisine !).
Ensuite vient le meilleur moment, l’empiècement en jacquard !
Ci-dessous, voici le début de la grille du pull Riddari. La grille se lit de bas en haut et de droite à gauche (toujours dans le même sens puisque l’on tricote en rond, c’est très pratique).
Les rangs commencent dans le creux du bras gauche sur l’arrière, et l’on répète la partie indiquée “répéter” autant de fois que nécessaire selon la taille.
Les cases “barrées” indiquent les diminutions pour former l’empiècement, là où l’on tricote deux mailles ensemble, une des deux mailles disparait et devient grisée (il n’y aura plus de mailles aux rangs suivants).
Pour faire un gilet, il est beaucoup plus logique de faire débuter le rang au milieu des deux devants. Ainsi le léger décallage qui peut se produire lors du changement de rang en faisant le jacquard sera là où le vêtement est ouvert (donc inexistant).
Pour transformer la grille du pull, il suffit donc de commencer le rang au milieu des devants, puis répéter la partie centrale autant de fois que nécessaire, et répéter une dernière fois le motif à la fin en ajoutant UNE MAILLE, celle qui permet de terminer le motif complètement pour obtenir le devant droit et le devant gauche identique en miroir.
Concernant les diminutions pour former l’empiècement, pour que la bordure du gilet reste rectiligne, il ne faut pas faire la diminution quand elle est tout au bord (rang 21 sur la grille).
A la fin, il faudra ouvrir le gilet, vous avez peut être entendu parlé du steek… ce n’est pas l’objet de ce billet mais en 2 mots :
– le vêtement est tricoté en rond en prenant soin d’ajouter 2 mailles envers au milieu des deux devants
– à la fin du tricotage, on sécurise (a priori à la machine à coudre) de chaque côté des deux devants
– et ensuite ou coupe pour ouvrir le vêtement.
Il est conseillé de laver le vêtement avant de coudre et de couper, et de le laisser sécher à plat.
Petite astuce, si vous n’avez pas ajouté de rang raccourcis dans le dos avant le jacquard, pour que le dos soit un peu plus haut que le devant, vous pouvez au moment de le mettre à plat à sécher, tenir le bas du pull avec une main et tirer le dos en haut avec l’autre main.
Une couture droite à la machine à coudre de chaque côté des 2 mailles centrales (vous pouvez faire 2 passages pour être complètement rassurée) et un petit coup de ciseaux.
La différence entre un pull et un gilet se résume donc à ajouter 3 mailles dans le travail : deux mailles centrales et une maille pour gérer correctement le motif jacquard.
Ensuite il reste à faire les finitions, pose de fermeture éclair ou bande de boutonnage au crochet ou au tricot.
et voilà !
RIDDARI est à retrouver chez trIScote ici et n’hésitez pas à personnaliser le vôtre avec vos propres couleurs si vous en avez envie.
Pour ma version femme, j’ai aussi fait quelques diminutions pour marquer la taille mais ce n’est pas obligatoire.
J’espère que ces quelques lignes vous aideront pour la transformation d’un Riddari ou d’un autre pull.
Et bien sûr vous pouvez faire l’opération dans l’autre sens, pour transformer un gilet en pull : ne pas mettre les 2 mailles centrales, supprimer 1m sur le motif et commencer les rangs derrière l’épaule gauche.
Lemon in Paris c’est un petit bout d’Islande à Paris… un accueil chaleureux, des jus originaux et bien sûr le fameux skyr islandais !
C’est là que je vous propose le prochain cours de tricot islandais à Paris, le dimanche 05 février 2017 de 10h à 17h.
LE COURS EST COMPLET en février, nouvelle date DIMANCHE 26 MARS 10h à 17h
Nous tricoterons un petit lopapeysa, pull islandais traditionnel réalisé sans couture et avec un motif jacquard.
Vous apprendrez à tricoter avec une aiguillecirculaire et avec des aiguilles doubles pointes, ainsi que le jacquard à fils flottants. Vous serez capable après cette journée de réaliser votre propre pull islandais à votre taille. Pendant la journée j’aurais l’occasion de vous présenter la laine islandaise et la tradition du tricot islandais.
Cette journée ne s’adresse pas forcément aux tricoteur(se)s expérimentés, il faut savoir monter des mailles et tricoter en mailles endroit pour assister au cours. Les moins expérimentés tricoteront éventuellement un lopi vest (sans manches)
Une journée bien remplie sur le plan du tricot aucours de laquelle Eva nous proposera de quoi nous restaurer tout au long de la journée.
Tarifs et modalités:
Où : Lemon in Paris, 43 rue des petits carreaux. Métro Sentier, Réaumur Sébastopol, Strasbourg Saint-Denis
Quand : Dimanche 05 février 2017 de 10h à 17h (avec pause déjeuner)
Tarif : cours de tricot ET restauration 85€
Cela inclut :
– la restauration sur place: Une boisson le matin – une formule le midi (salade, jus, skyr) – une boisson chaude et muffin l’après midi.
– la fourniture de la laine et un tutoriel pour réaliser le projet prévu pendant le cours,
– le prêt du matériel (aiguille à tricoter…),
Le cours aura lieu s’il y a au moins 5 participants.